CONTEXTE

• Le décret wallon « Market design » de mai 2022, modifiant le décret « Electricité », prévoit dorénavant qu’une compensation financière soit octroyée au producteur d’électricité verte pour les pertes de revenus résultants des éventuelles limitations d’injection imposées par le gestionnaire de réseau au-delà d’un certain seuil.
• Cette compensation, toujours en attente d’un arrêté d’exécution, devrait permettre de mieux accompagner le développement des sources d’énergie renouvelable en Wallonie tout en soutenant le déploiement d’un réseau fiable et moderne en créant un marché de la flexibilité au niveau local qui :
  – intègre toutes les sources de flexibilité (stockage, DSM,…) ;
  – limite les investissements lourds dans le réseau au strictement nécessaire en imposant aux GRD d’examiner les alternatives au renforcement du réseau lorsque cela est possible ;
  – permet de maximiser l’injection de l’énergie produite à partir de sources renouvelables délocalisées tout en garantissant la sécurité du réseau au meilleur coût.
• Depuis 2023, les GRD mettent en place diverses actions telles que la constitution d’une équipe d’account managers, l’organisation de réunions « d’avis préalable » afin d’aider les développeurs à sélectionner/prioriser les meilleurs projets en amont de la demande d’étude de détail, en fonction des capacités du réseau, des réunions de suivi des projets en cours, des POC pour réduire la perte de l’électricité produite avant la mise en service, etc.

ENJEUX POUR LE SECTEUR

• En Wallonie, les coûts de raccordements des GRD constituent de plus en plus souvent un frein au développement des renouvelables. Les coûts de raccordement semblent élevés et ont significativement augmenté ces dernières années. Les options techniques retenues/imposées par les GRD semblent jouer un rôle important dans la hauteur de ces frais.
• Les délais d’étude excessifs posent également problème, surtout lorsque les frais d’étude sont intégralement préfacturés. Pour ce qui est des travaux proprement dits, les délais sont davantage respectés, mais les porteurs de projets voudraient pouvoir compter sur des délais plus courts, lorsque cela est possible. Quant au problème des réservations de capacités, il faut surtout veiller à ce que les règles soient les mêmes pour tout le monde.
• L’électricité produite entre la mise sous tension d’une nouvelle installation et son autorisation par les GRD est non comptabilisée, engendrant parfois des pertes importantes pour le producteur et une forme de confiscation temporaire de sa production qui n’est pas acceptable. Une solution technique semble dorénavant à portée pour les projets à venir, via la mise en place de POC au niveau d’ORES afin que le développeur de projet puisse valoriser plus rapidement l’énergie produite.
• Enfin, l’appel à la vigilance d’Elia concernant l’incompressibilité, arrivant déjà au printemps, ne doit pas freiner le déploiement des installations photovoltaïques mais bien accélérer le développement des solutions de flexibilité. En cas de déploiement d’installations photovoltaïques sans flexibilité, le nombre d’heures à prix négatif ne fera qu’augmenter.

POSITIONNEMENT ET ACTIONS D’EDORA

• EDORA a tenu plusieurs réunions de suivi avec divers managers d’ORES et de RESA, concernant les problématiques rencontrées par les membres et la flexibilité. ORES est bien conscient des problématiques des producteurs et a d’ailleurs entrepris plusieurs démarches. EDORA a souligné l’importance qu’ORES communique aux producteurs sur celles-ci. ORES a donc décidé d’organiser une « journée des producteurs » en juin 2025 afin de présenter celles-ci aux producteurs, telles que le suivi des projets pilotes pour limiter la perte d’énergie avant la mise en service lors des tests de modulation O-One, projet pilote pour un marché de la flexibilité, etc.
• EDORA a créé un template Excel d’objectivation au sujet des diverses problématiques mentionnées par les membres. Ceux-ci ont été invités à le compléter durant l’été 2024 et à nouveau en mars 2025, servant ainsi de support de discussion auprès des gestionnaires de réseau et de la CWaPE. Des données ont ainsi été collectées par rapport aux délais d’étude de détail et de raccordement, à l’énergie perdue avant la mise en service et dans le cadre des contrats flexibles, aux coûts de raccordement.
• EDORA a répondu à la consultation informelle de la CWaPE sur la révision du Règlement Technique pour la gestion de Distribution d’Electricité et proposé plusieurs suggestions répondant à l’objectif de simplification.
• EDORA a informé le cabinet de la proposition d’AGW T-Flex de 2023 de la CWaPE et de l’importance de le faire passer dès que possible, bien qu’il ne soit pas parfait. En effet, EDORA conteste le maintien du caractère non rémunéré pour une partie de la flexibilité pour les filières éolienne et photovoltaïque dont le déploiement devrait être maximisé afin de couvrir au mieux les besoins énergétiques belges. EDORA plaide auprès des gestionnaires de réseau pour un marché de la flexibilité (commerciale) pour la résolution des problèmes de congestion,
• Lors des discussions de 2022 avec la CWaPE sur la prochaine période tarifaire, et encore en début 2025, EDORA a interpellé le régulateur wallon :
  – sur le coût élevé des raccordements et sur les mesures à prendre pour faire en sorte que les options techniques retenues par les GRD puissent faire l’objet de discussions avec ceux-ci, sous son contrôle, le cas échéant ;
  – sur la problématique des délais d’étude et de raccordement, qui semblent mériter un meilleur encadrement,
  – sur l’opportunité de procéder régulièrement à un benchmarking des coûts de raccordements wallons, par rapport aux régions et pays voisins.
  – sur l’opportunité du suivi qualité de la CWaPE et de l’impact financier des indicateurs de performance (KPI’s).
• La CWaPE reconnait également que les coûts de raccordements ORES sont trop élevés. Elle a demandé à ORES de revoir ses prix et évalue en parallèle la possibilité pour le développeur d’entreprendre lui-même les travaux de raccordement.
• Par ailleurs, nous avons également rencontré Elia afin de discuter de leur communiqué de presse (CP) au sujet de l’incompressibilité. Elia nous a bien confirmé être en faveur du développement des installations photovoltaïques et d’avoir adapté sa communication afin de tenir compte de notre demande de bien mettre en avant les besoins de développement de la flexibilité comme solution plutôt que de freiner le développement des installations photovoltaïques.
• EDORA a proposé à ses membres d’assister à la présentation d’Elia concernant leur plan d’action relatif l’incompressibilité et la flexibilité, spécifiquement à l’attention des membres de la fédération.

PERSPECTIVES ET PLAN D’ACTION

• EDORA entend poursuivre sa bonne collaboration avec les GRD et continuera de veiller au suivi des mesures correctrices convenues avec les GRD, afin de trouver des réponses à l’ensemble des problèmes soulevés liés aux raccordements rencontrés par ses membres.
• EDORA s’efforcera d’objectiver les coûts et délais de raccordement jugés excessifs ainsi que l’ampleur des volumes d’énergie non comptabilisés (et non rémunérés) dans la période suivant la mise sous-tension de nouveaux parcs.
• Pour faire face à l’accroissement des coûts de raccordement, EDORA fera le suivi auprès de la CWaPE de la possibilité pour les porteurs de projets de prendre en charge eux-mêmes la concrétisation des raccordements qu’ils requièrent ou de toute autre solution permettant un raccordement au réseau accessible financièrement.
• Pour l’énergie perdue, EDORA veillera à ce que la solution proposée par ORES puisse être mise en place pour les projets futurs.
• EDORA veillera à ce que des actions et solutions soient mises en place pour répondre à la problématique des prix négatifs, le nombre d’heures allant en augmentant. EDORA continuera de plaider pour l’entrée en vigueur de l’AGW T-Flex à court terme et la mise en place d’un marché de la flexibilité à plus long terme, tout en suivant l’évolution des modèles de marché.
• Étant donné ses ressources limitées, EDORA travaillera davantage en synergie avec les autres fédérations (ODE, FEBEG notamment).
• EDORA suivra la révision du RTDE et répondra à la consultation de la CWaPE afin de veiller à une effective simplification administrative et à la bonne intégration des systèmes de stockage.
• Par ailleurs, une version préparatoire de l’AGW T-Flex, qui définit les règles pour un raccordement flexible, a été soumise à consultation par la CWaPE mais n’a pas encore été adoptée. EDORA restera attentive aux propositions réglementaires (arrêté d’exécution) à venir dans la nouvelle version de l’AGW T-Flex, lorsque celle-ci arrivera sur la table du prochain Gouvernement Wallon:
  • donnant une valeur à la flexibilité technique (hors situations d’urgence) ;
  • intégrant la possibilité de recourir à de la flexibilité commerciale plutôt qu’à des renforcements de réseau dans le calcul du caractère économiquement justifié d’un investissement (en alternative à un renforcement pur et simple par du câblage supplémentaire).