Parce qu’elle peut être stockée et/ou convertie (en biogaz, biocarburants, agrocombustibles ou électricité), la biomasse, issue de résidus de bois, de cultures dédiées ou de déchets agricoles et ménagers, est une source d’énergie polyvalente, modulable et même stockable, complémentaire des autres sources d’énergie renouvelables.
Le bois-énergie représente environ 50 % des énergies renouvelables produites en Wallonie.
La nouvelle Stratégie wallonne « Réseaux de chaleur et de froid » reconnaît explicitement la contribution potentiellement très importante de la biomasse locale à la décarbonation de la chaleur, mais :
o elle renvoie essentiellement vers une Stratégie Biomasse-Energie encore en cours de développement, pour l’élaboration de mesures concrètes dans ce domaine, notamment en ce qui concerne le développement d’un gisement suffisant, tant en quantité, qu’en qualité,
o en ne s’attardant pas suffisamment sur l’intérêt des réseaux de chaleur dans les zones de plus faible densité (rurales) mais disposant d’une ressource locale à faible prix (sous forme de plaquette ou bois déchiqueté, par exemple), elle sous-estime le potentiel des chaudières à plaquettes couplées à des mini-, voire à des micro-réseaux de chaleur.
De plus en plus de petits réseaux de chaleur alimentés par des chaufferies biomasse voient néanmoins le jour en Wallonie, que ce soit de façon ponctuelle ou dans le cadre des plans POLLEC.
ENJEUX POUR LE SECTEUR
La biomasse offre encore de belles perspectives de substitution aux combustibles fossiles, de réduction des émissions de GES et de soutien de l’activité économique en zones rurales.
L’exploitation des bioénergies nécessite cependant un encadrement adéquat, afin d’en développer les gisements locaux, d’en stimuler le déploiement et d’en optimiser les retombées positives, tant au niveau des gisements mobilisables (pratiques sylvicoles et agricoles, distances parcourues), qu’au niveau de leur conversion (qualité de la combustion et débouchés divers).
POSITIONNEMENT D’EDORA
Dans le cadre de l’élaboration de la Stratégie wallonne Biomasse-Energie en cours d’élaboration, EDORA demande au Gouvernement wallon :
o de favoriser l’usage du bois dans la construction, en synergie avec le bois-énergie, tenant compte des avantages en termes d’émissions directes et de stockage de carbone, et des complémentarités entre ces deux filières au niveau de l’exploitation des produits issus de la sylviculture,
o de promouvoir la reforestation et l’afforestation ou la plantation de simples haies et taillis à (très) courte rotation sur un maximum de terres marginales, de friches, de talus et même de jardins privés, en valorisant les agrocombustibles issus de l’entretien de ces plantations, comme la plaquette bocagère et le miscanthus,
o d’interdire l’incinération sauvage de déchets de taille et de jardin et de favoriser le déploiement de plateformes de broyage, de criblage et de séchage permettant de traiter localement cette biomasse locale, en vue de sa transformation en plaquettes ou de sa biométhanisation,
o de planifier le déclassement des feux ouverts et des poêles à buches les moins efficaces, afin d’augmenter le rendement moyen du parc d’appareils bois-énergie existant et d’en diminuer les émissions polluantes.
En septembre 2021, le Ministre wallon de l’Energie a consulté EDORA dans le cadre de la transposition du volet « durabilité de la biomasse » de la directive « Energies renouvelables » (RED II), laquelle impose de faire certifier l’alimentation en biomasse des sites de production d’énergies renouvelables à partir d’une certaine puissance (variable selon la technologie – entre 2 et 20 MWprimaire), via une certification reconnue par l’UE. Certaines certifications se sont déjà positionnées, comme SURE pour les sites (soutenu par Bioenergy Europe), PEFC pour l’approvisionnement, etc. Chaque certification ayant un coût, EDORA a demandé à ce qu’il soit pris en compte dans le calcul du taux d’octroi des CV.
PERSPECTIVES ET PLAN D’ACTION
EDORA suivra attentivement la finalisation et la mise en œuvre de la Stratégie Biomasse-Energie annoncée par le Ministre wallon de l’Energie.
Jusqu’il y a peu, la Région de Bruxelles-Capitale ne comptait plus guère sur la biomasse-énergie pour assurer la décarbonation de ses futurs besoins en chaleur, car elle espérait diviser la consommation énergétique de ses bâtiments résidentiels par trois d’ici à 2050 et comptait essentiellement sur les pompes à chaleur et sur la chaleur issue de l’incinérateur, du canal, de la géothermie et de la riothermie, mais aussi sur la cogénération, pour satisfaire ses besoins résiduels. Une étude livrée à la Région par l’ICEDD en 2021, sur le potentiel en matière d’efficacité et de chaleur et de froid durables en RBC, a cependant montré que, même en mettant résolument en œuvre sa stratégie de rénovation à l’horizon 2050 (ou « Stratégie Rénolution ») la Région peut tout au plus espérer diminuer les besoins en chaleur de son patrimoine bâti d’environ 37%.
EDORA confirme, notamment sur cette base, qu’il est prématuré de renoncer à la biomasse-énergie, notamment pour la filière cogénération de grande puissance, et recommandera au Gouvernement bruxellois d’inclure dans sa nouvelle Stratégie Chaleur verte :
o un inventaire détaillé des gisements de biomasse locale pertinents disponibles et mobilisables,
o la promotion active du bois dans la construction, en synergie avec le bois-énergie.