EDORA avait poussé les précédents gouvernements wallons à entrer en négociation avec le Gouvernement fédéral, afin de libérer différentes zones militaires qui étaient interdites aux éoliennes.
EDORA a également avancé une série de demandes relatives à un assouplissement des conditions d’installation près des radars et aéroports en y permettant l’installation d’éoliennes de plus grandes tailles.
Le secteur éolien tente de sensibiliser, depuis de nombreuses années, les autorités fédérales à la nécessité de réduire autant que possible les incidences visuelles nocturnes des balisages éoliens en zones militaires.
Dans le cadre de la décision de prolongation de deux tranches nucléaires, EDORA avait obtenu que le Gouvernement fédéral adopte des mesures accompagnatrices en faveur de la transition énergétique. EDORA s’était réjouie que la levée de barrières liées aux distances aux radars, aux limites de hauteur et aux zones d’interdiction constitue une des mesures phare des accords du 18 mars 2022. L’impact positif de ces règles sur le secteur éolien a été évalué, dans la note du Gouvernement fédéral, à 1,5 GW d’installation éolienne onshore belge supplémentaire, ce qui avait le mérite de clarifier l’ampleur des mesures nécessaires et le niveau d’ambition de cet engagement.
EDORA avait précédemment proposé aux autorités régionales et fédérales des sites de libération précis, cohérents avec les priorités politiques wallonnes, pouvant conduire à l’installation d’une soixantaine d’éoliennes actuellement interdites. EDORA avait accompagné ses demandes de libération des sites éoliens en proposant également des sites précis de compensation (à faible intérêt éolien) afin d’en faciliter la libération de contraintes.
ENJEUX POUR LE SECTEUR
Libérer de nouvelles zones (actuellement interdites aux éoliennes) qui soient en ligne avec les priorités du Gouvernement wallon et le potentiel éolien.
Assouplir certains critères de hauteur.
Réduire les incidences visuelles nocturnes des éoliennes.
POSITIONNEMENT ET ACTIONS D’EDORA
Suite à nos demandes répétées en 2023 et 2024 et au soutien obtenu du Gouvernement wallon, la ministre de la Défense avait communiqué à l’exécutif wallon les deux libérations de contraintes suivantes : – Avec le budget de 6,75 millions d’euros reçu, la Défense annonçait investir dans des systèmes en bande X qui permettraient de diminuer le nombre d’études d’impact radar demandées au secteur éolien et de diminuer les zones de protection des radars primaires. La Défense estimait ainsi le gain pour le secteur d’ordre financier et procédural (réduction « drastique » de la zone d’exclusion).
– La Défense annonçait aussi la prise de mesure pour permettre d’augmenter la taille des éoliennes en dropzones. Ils estimaient que cela permettra de débloquer certains projets éoliens en cours
Durant le premier semestre 2024, EDORA a poussé les ministres Gilkinet, Van der Straeten et De Donder à acter ces avancées dans un plan de libération entériné par le gouvernement fédéral. EDORA a par ailleurs fustigé le refus de la Défense de considérer une libération de certaines zones d’entraînement militaire et a poussé le Ministre Henry à appuyer notre demande d’un point de vue politique.
A la suite des demandes répétées d’EDORA, le Conseil des ministres a adopté le 3 mai 2024 le plan d’action commun de Skeyes et de la Défense en termes de libérations de contraintes aéronautiques. Il s’agit là d’une des demandes-phare du secteur sur laquelle nous travaillons depuis plusieurs années. Conformément à notre demande, ce plan combine ainsi l’effet des libérations de Skeyes et de la Défense en évitant d’éventuels doubles comptages dans les annonces de libérations effectives.
Le plan indique que les mesures annoncées devraient conduire à une libération en Wallonie de 489 MW de nouvelles installations éoliennes et de 397 MW supplémentaires éventuels, sous condition d’une approbation via une étude. Il est bien sûr délicat d’évaluer l’effet exact de ces libérations qui concernent entre autres des investissements radar (radars en bande X), une diminution du nombre d’antennes coopératives rotatives et des investissements dans un nouveau système de détection appelé WAM, le tout conduisant à une diminution des zones de protection et à une adaptation des méthodes de détection (triangulation). Le plan détaille également les effets de la rationalisation des balises DVOR et une révision à la hausse des critères de hauteur en zone de largage de parachute (drop zones). Néanmoins, l’évaluation de libération est basée sur les seuls projets impactés communiqués par EDORA…il est donc possible qu’elle crée un « appel d’air » pour d’autres projets avec une libération plus conséquente encore.
EDORA avait demandé une clarification de l’impact technique des libérations pour le secteur et avait fortement regretté que la Défense soit fermée à une révision des zones d’entraînement militaire. Il n’a pas été possible d’envisager une telle libération sous la précédente législature, mais une porte sera ouverte durant cette nouvelle législature via une évaluation annuelle des effets des libérations, clause de rendez-vous ainsi obtenue par le secteur. L’accord précise également que des séances d’information seront organisées pour le secteur. Une séance d’information spécifique, couplée à une conférence de presse, a été ainsi organisée pour les membres de EDORA et de la VWEA le 20 juin 2024.
Durant le second semestre 2024, la Défense a malheureusement défini une nouvelle contrainte à l’égard des éoliennes: la nouvelle zone de restriction militaire TSA28B Elsenborn 03 (zone de vol de drones) plafonnant la hauteur des éoliennes à 180m…ce qui est très problématique, notamment compte tenu de la présence de forêts qui nécessitent des éoliennes de plus grandes tailles.
EDORA a alors rencontré en février 2025 la Défense pour envisager une adaptation de cette zone. La Défense serait prête à accepter de revoir cette zone en la réduisant mais à condition que la zone résiduelle soit en compensation totalement exclue (et non plus seulement aux éoliennes de > 180m).
Le GT d’EDORA se penche dès lors en avril/mai 2025 sur une analyse minutieuse de la zone afin de tenter, sur base des projets en cours et futurs des membres, de voir si un zone alternative crédible pourrait être proposée par EDORA. Une fois déterminée, EDORA tentera de se coordonner avec la communauté germanophone qui a lancé un travail cartographique, avant de proposer une zone alternative à la Défense.
La Défense a par ailleurs fait savoir que la demande d’EDORA de modification de la circulaire GDF-03 pour adapter à la hausse la limite de hauteur relative au balisage dynamique n’est malheureusement pas recevable, dans la mesure où cette limite répondrait à des normes européennes.
PERSPECTIVES ET PLAN D’ACTION
EDORA veillera à la bonne mise en œuvre du plan d’action commun de Skeyes et de la Défense.
EDORA persévèrera dans la demande de nouvelles libérations de contraintes en zones d’entraînement militaire, en utilisant la clause de rendez-vous prévue dans le plan d’action du 3 mai 2024.
EDORA tentera de proposer une zone alternative à la zone TSA28B Elsenborn 03 (zone de vol de drones), sur base des projets en cours et futurs des membres.
EDORA poussera la Défense à organiser des rencontres sectorielles régulières afin d’expliquer au secteur les conséquences pratiques des assouplissements annoncés.
EDORA veillera également à la mise à disposition d’une cartographie interactive permettant aux développeurs de projets d’anticiper les conséquences des différents niveaux de contraintes.