Stratégies de sortie des combustibles fossiles
CONTEXTE
- Dans son PACE 2030 de mars 2023, le précédent Gouvernement wallon s’était notamment engagé à établir, au plus tard pour le 30 juin 2023, « une stratégie globale de sortie du gaz fossile, assortie d’une vision sur les usages futurs des réseaux de distribution et sur le développement des nouveaux vecteurs (…) sur base d’un calendrier à l’horizon 2050 avec des objectifs de réduction progressive d’ici 2030 et 2040 », en conjonction avec :
– une vision sur les usages futurs des réseaux de distribution et sur le développement des nouveaux vecteurs,
– les autres mesures de réduction de la consommation énergétique (notamment calendrier d’obligations de rénovation des bâtiments) et de sortie des autres combustibles fossiles (mazout et charbon). - Dans le cadre de son avis sur la modification du décret Gaz et du projet d’AGW sur les garanties d’origine « Gaz SER ou bas carbone », EDORA a tout particulièrement insisté pour que les garanties d’origine octroyées aux gaz renouvelables soient bien distinctes de celles associées aux gaz bas carbone. Une telle distinction est d’autant plus fondamentale que bon nombre de biométhaniseurs wallons dépendent encore et toujours financièrement de la revente des garanties d’origine associées à leur production, aux producteurs d’électricité verte qui utilisent du gaz naturel comme combustible pour leur installation de cogénération fossile et peuvent bénéficier de certificats verts additionnels contre remise de ces GO. En cas d’élargissement de ce mécanisme à d’autres types de gaz, fussent-ils « bas carbone », la valeur de ces GO sur le marché pourrait baisser et mettre à mal l’équilibre financier des installations de biométhanisation concernées.
ENJEUX
- Nécessité d’éviter une accumulation supplémentaire de futurs « actifs échoués », dans les bâtiments et au niveau des réseaux de gaz en privilégiant les technologies décarbonées qui présentent le meilleur rapport coût-efficacité.
- Une vision claire en la matière demandant aux GRD d’identifier dès à présent les infrastructures qui seront plus que certainement déclassées d’ici 2030, puis d’ici 2040, ce qui permettra en retour de préciser dans quels quartiers les chaudières au gaz et les éventuelles pompes à chaleur hybrides (gaz/électricité) présentent encore un intérêt.
- Le déploiement d’un nombre croissant de pompes à chaleur, via un découplage plus marqué entre les prix des énergies carbonées et ceux de l’électricité verte (fiscalité carbone, plus grande sélectivité des aides et subventions couvrant la consommation d’énergies fossiles, etc.), une tarification plus dynamique des diverses composantes de la facture d’électricité pour ce type d’utilisateurs (smart heating), un recours plus fréquent à l’hybridation (combinaison de pompes à chaleur et d’appoints fonctionnant par ex. au bois-énergie, que ce soit dans des cas individuels ou dans le cadre de systèmes collectifs), etc.
- S’agissant des gaz renouvelables biosourcés substituables au gaz fossile, il reste indispensable d’avancer sur le cadre de développement du biogaz et de préciser que cette filière est déjà mature d’un point de vue technologique, mais se trouve dans une situation complexe. La Wallonie compte en effet sur 8 TWh de biogaz pour atteindre ses objectifs énergétiques.
POSITIONNEMENT ET ACTIONS D’EDORA
- EDORA n’a cessé de demander aux autorités wallonnes un calendrier de sortie clair et suffisamment prospectif pour les systèmes de chauffage fossiles, en fonction du type de bâtiment (public, industriel, commercial, résidentiel individuel ou collectif, etc.) et des circonstances (faits générateurs) : construction neuve, rénovation profonde ou importante, remplacements de systèmes, etc., en vue d’une généralisation progressive des SER dans le bâtiment, non seulement en cas de construction neuve et de rénovation importante, mais également lors des remplacements de systèmes.
- Sous la pression d’EDORA, le projet d’AGW sur l’intégration des SER dans le bâtiment adopté par le précédent Gouvernement a été complété, avant soumission au Conseil d’Etat, pour exclure les systèmes de chauffage au mazout ou au charbon des constructions neuves.
PERSPECTIVES & PLAN D’ACTION
EDORA continuera à défendre dans ce cadre :
- des normes d’intégration des SER dans le bâtiment, non seulement en cas de construction neuve et de rénovation profonde, mais également lors des remplacements de systèmes,
- un taux de remplacement accru des anciens systèmes de chauffage, assorti d’un calendrier de sortie progressif mais clair des systèmes de chauffage recourant aux combustibles fossiles.